[Histoire] Les Oreilles (An 38)

Peu après avoir quitté ses comparses humains et Quel'dorei, en plein milieu de la saleté de ville gobeline, Alshaïn rejoindra une maison bancale en bois, bâtisse typique de la ville neutre. Aussitôt passé les deux gardes de l'entrée à qui elle a confié ses dagues, elle ne prêtait aucune attention aux personnes présentes dans la salle principale. Tout ce qu'elle daignait écouter était une voix grave et profonde d'un Tauren, et deux minettes humaines rire suavement dans un autre coin. Il faisait chaud et lourd, les verres trinquaient, et aussi et surtout, ce brouhaha insupportable de femmes qui piaillent et rient. Au moins insupportable pour elle.


L'endroit était bondé à cette heure, ou plutôt était-il seulement étroit.

-"Dites-lui que c'est l'Elfe." Lancera-t-elle à un mercenaire en faction devant une porte reculée. Lui qui descendera sans se poser de questions, par un escalier menant au sous-sol, avant de remonter et lui autoriser l'accès pour qu'elle descende l'escalier grinçant.

-"Vous me voyez de plus en plus souvent, c'est que je vous manque." Ricane le quarantenaire, assis derrière un bureau, un verre de rhum à la main. Il était à peine visible dans le bazar de la pièce, des parchemins et des tonnes de magasines gobelins étaient déposés ci-et-là.

-"Mon cher Peter."

-"Tu viens récupérer ta bourse ? Tiens."

-L'Elfe refusera en secouant la tête "Non, garde-la. J'ai besoin d'un service."


Le Quarantenaire souffla longuement, puis s'attrape un cigare qu'il allumera, sûrement pour pomper son courage, ne faisant qu'écouter.

-"Un client disparaîtra cette nuit. La moitié sera pour toi, l'autre sera pour les autres."

-"Tu vas finir par le faire couler toute seule c't'endroit, tu sais hein ?"

-"Mais tu seras riche."

-"Ou mort, m'ouai. J'partirai prendre des vacances après ça, hein. J'écoute, j'suppose que j'ai vu pire. J'ai le choix ?"

-"Non."  

L'humain se relève après avoir reçu quelques directives de l'Elfe, l'orc, l'oreille d'un orc, le cadavre à emporter ; et il se dirige en haut des escaliers, glissant quelques mots au videur.


Alshaïn se retrouve bien assez rapidement assise sur un lit, dans une pièce misérable, mais propre, où seul un lit et une baignoire trônaient. D'un soupir, elle rangea son collier sous son tissu ; la vue de ses bras verts et de son corps la répugna, d'autant plus à chaque coups rythmés qui frappait contre le mur en face d'elle. Mais un défi est un défi.

Elle n'avait qu'à peine attendu une dizaine de minute que la porte s'ouvrait déjà, d'où un mastoc orc à la peau bronze peinait à sortir de l'encadrement trop petit pour lui. Les yeux de l'orc dévorait ce qu'il avait sous son nez, tandis que la Kaldorei n'avait réussi qu'à forcer un sourire, cherchant à quel sauce celui-là allait être manger. Et probablement pas de la même manière qu'il aurait voulu.

D'un signe de tête et d'un sourire enjôleur, la fausse peau-verte lui désigna le grand bac fumant d'eau chaude derrière lui.

Bien fourbe mais pas masochiste, sa dague avait rapidement atteint la nuque du massif à peine retourné, son autre dague, elle, de concert, avait rompu son oreille droite. Frapper le plus vite aurait été le plus surprenant, au moins. La chance ou l'expérience fit la dague s'enfoncer comme dans du beurre et, dans un dernier souffle, l'orc lança son coude en arrière en atteignant la tempe de l'orquesse illusoire.
Ses yeux ne s'ouvrit qu'à une lueur du soleil, observant le plafond en bois si caractéristique de la Baie. Un mal de crâne l'envahit aussitôt, ne voyant que la chambre vide et un petit sac en lin ensanglanté, qui contenait l'oreille tranchée. Les voix familières à l'extérieur l'interpella et elle se leva bien vite, titubant vers elles pour tenter de reprendre ses esprits et savoir ce qu'il s'était passé.

Bien dommage d'avoir réussi son Défi en n'ayant que des bribes de souvenirs du Comment.