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Alshaïn Pâlelune
Alshaïn Pâlelune
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Mar 8 Sep - 2:10
Dans les Forêts d'Orneval, An 40


Le casque orné de plumes était entouré de feuillages, à la même couleur violacée que l'armure ; l'Elfe de la nuit n'était même plus visible dans son camouflage naturel, un accoutrement et une race parfaitement taillée pour une forêt si sacrée.

Son regard argenté tremblotait, par accoups, alternant entre tout ce qu'il y avait en contrebas. La tentation était extrême, intenable et céder était inéluctable. Pour combien de temps encore devait-elle endurer ce supplice de résister à ses pulsions ?
Plusieurs frissons la traversaient, les gouttes de sueurs froides ne coulaient pas, sous son casque durement enfilé. Sa main empoignait l'instrument de sa faim fatale.

-"Si nous avions eu ces bêtes de guerre, durant les ..."

Ses paupières s'enfonçaient dans ses yeux pour effacer la voix passagère ; elle chantonnait même intérieurement pour la surpasser. La traque durant son court séjour n'avait que trop durée et, en plus, on la pressait. Au moins, en quelque sorte, elle en était canalisée.


Un seul hoquet et un battement d'aile avaient averti les deux orcs à l'avant de la petite troupe : l'un d'eux, un péon, attrapa sa matraque dans une exclamation bête. Ce dernier observait un orc à la hache massive tomber, lentement, une dague plantée dans la jugulaire. Et ainsi, à ses yeux, tous les mouvements de la forêts devenèrent formes et mauvais présages, autant que les ombres que dessinait la lueur de la Lune.
Le deuxième orc à l'arrière avait disparu, avec l'hippogriffe, qui l'emportait déjà au loin. Les bruissements de feuilles et d'ailes avaient suffisament attiré l'attention du péon pour qu'il puisse avoir une dernière vue acceptable, avant que la flèche n'ait traversé son visage.

Seul un orc, au dos droit, restait. Impavide et lent, Oeil-de-flamme n'avait pas perdu une seconde pour faire crépiter le feu entre ses mains, tandis que la silhouette d'Alshaïn s'extirpait de la pénombre, les lames en main. L'hippogriffe n'était plus si loin, et il allait encore foncer en piqué.
Un assaut déloyal à n'en pas douter, surtout dans une nuit si sombre et dénuée de toute source de lumière ; les torches étaient tombées à terre, certaines éteintes.
Mais l'orc restant éclairait ses environs, d'un seul éclair orange ; il avait invoqué son élémentaire et, par la même occasion, posé son regard sur la Kaldorei qu'il observait, plus distinctement.

Figée un temps, la Kaldorei ne décidera que de fuir par la suite. Sans doute connaissait-elle assez ses limites pour fuir les Chamans, et d'aucun dirait que ce fut à raison. L'hippogriffe serpentait entre les troncs et branches pour la rejoindre, et elle gardait une main sur son escarcelle en s'enfuyant à toute allure : les doigts sur sa dernière porte de sortie en cas d'imprévus.

C'est tout autre chose qui l'accabla et l'empêchera dans sa fuite, néanmoins. A peine-t-elle fait quelques pas que l'orc grondera une exclamation grave :


-"Eliwael ?"

-"...Nekrosh ?" lui répondit-elle, de nouveau figée.
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Sam 2 Avr - 1:24
Dans les Forêts d'Orneval, il y a quelques éons ? Millénaires ? Siècles ?



Les lueurs de la lune reflétaient sur les joues nues d'Alshaïn, l'air juvénile ressortait d'autant plus, sur sa peau albe, qui n'était pas encore nommée Pâlelune. Tout n'était qu'atténué par la pénombre dans laquelle elle était plongée. Et la puanteur notable que le campement des harpies rejetait.

Elle se trouvait en lisière des nids pendant des arbres, des oeufs qui parsemaient les branchements, et des quelques silhouettes qui virevoltaient aux alentours. Elle ne sait toujours pas pourquoi elle y est venu réellement ; l'appel de l'adrénaline ? L'inconscience de la jeunesse ? Dans tous les cas, les appels des Kaldorei présents l'avait suffisamment alerté pour savoir être au bon endroit.

Une poignée de jeunes femmes se tenaient en proie aux cages des harpies. La maladie ne les avaient pas encore eu, à la grâce de Nordrassil, mais la faim et la soif commençaient à les étreindre. Et leur gémissements d'autant plus. De jeunes sentinelles assez inconscientes pour se faire prendre par des harpies.


Voilà trois bonnes heures qu'elle se tenait là, à la faveur de la face cachée de la Déesse. Une harpie pouvait la frôler, sans jamais qu'elle ne puisse être repérée. Et son habit d'entraînement rudimentaire donnait peu cher de sa peau, si elle se faisait repérer. Elle qui fut toujours si agitée, y trouvait, ici, un moyen se canaliser parfait.
Mais si la Déesse lui avait offert fait un don, c'était celui de toujours se cacher. Parfaitement. C'était ce qu'elle voulait faire. Pouvoir déposer ses yeux sur le Monde, sans que celui-ci ne la regardait. Savoir tout, sans que personne ne la sait. Bousculer l'avalanche sans que personne n'en voit l'origine. 

La Kaldorei n'avait atteint aucun âge de raison, à peine celui où le corps se forme parfaitement. Mais ça, elle le savait.

Alors elle attendait. Dix heures. Quinze. Peut-être plus. Le monde extérieur n'existait plus. Ni même ses devoirs, ni même rien.
Le jeûne n'avait avantage que d'amplifier les réflexes de survie, celui qui appelait à chasser. Mais ce n'était pas ce qu'elle attendait, la chasse. Mais une ouverture. Quelque chose qui pouvait déclencher l'avalanche. -Bien qu'elle n'avait jamais vu le Berceau-de-l'Hiver.-

~

Et l'ouverture se dessinait. La Matriarche était partie ; la plus grosse harpies. Les plus grosses sont toujours les chefs. Et sans chefs, les forêts n'ont plus de canopées. C'est bien ce qu'elle avait retenu de ses premiers entraînements. Alors elle avait entrepris l'escalade. Un couteau était suffisant pour couper le lien des nids, des oeufs. Il ne fallait que la furtivité. Pas de force, pas de chasse, pas de fracas. Seule se cacher, et la survie.

Un seul nid suffisait à ce qu'une dizaine d'oeufs s'étalaient au sol, d'un côté du campement. Assez pour que le cri des harpies retentit. Assez pour créer le chaos en l'absence de la plus grosse. Assez pour une course, assez pour lancer les glaives à terre, à ces prisonnières. Le reste ne la concernait plus. C'était leur ouverture à eux. Et Alshaïn, elle, se contentait de courir parmi les fourrées, racines, branches, tout ce que la Déesse leur avait offert en guise d'habitat. De sentiers sécurisés.
Les ronces et branches lui avait meurtris les cuisses et les bras, mais peu lui importait. L'ouverture était faite, c'était son seul but.

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"Que fais-tu encore là ?! L'instructrice t'attends depuis ce matin."
"... An'da me demandait de-
"Ne mens pas. Tu es couvert de ronces."
"... j'explorais, oui."

La sentinelle face à elle soupirait, face à la consistance de la jeune Kaldorei qui en serait presque insolente. Et si Alshaïn savait que la punition de rigueur allait être dévoilée dans la maison familiale, ce n'était pas elle qui allait lui donner en l'instant-même. L'ordre de retourner auprès du contingent d'entraînement lui était donné, et elle s'était attelée au pas.

Le sanction lui avait au moins permis de faire quelques aller-retours dans Astranaar, des caisses de fournitures portées parmi la paire de sentinelles les plus dissipées. Parfois, peu douées. Une énième tâche ingrate dont elle avait pris l'habitude, elle qui est si mauvaise élève.

La sanction lui avait permis d'entendre les rumeurs de couloirs, les paroles des artisans, les commérages des patrouilles. "Les patrouilles les ont retrouvées sur les sentiers." "La Déesse leur a offert une faveur." "Les esprits de la forêt leur sont venus en aide.". "Leur survie est un miracle."


Et pourtant, jamais n'avait-elle voulu révéler toute la vérité derrière le mysticisme. Les actes lui auraient valu un rituel, des marques, mais elle ne le voulait pas. Trop d'attention. Trop tôt. Trop de gratitude. Trop de remerciements. Elle n'en voulait pas. Elle voulait rester cachée.
Sa satisfaction n'était tirée que de sa bonne conscience, de savoir que c'était elle. C'était elle qui avait déclenché l'avalanche. Et que quelqu'un le sache, ou non, cela n'aurait rien changé au monde.
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