-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

Aller en bas
Lianwen Marchelune
Lianwen Marchelune
Messages : 2
Date d'inscription : 08/12/2023

[Lianwen Marchelune] Scènes de vie Empty [Lianwen Marchelune] Scènes de vie

Lun 15 Jan - 10:26
[Lianwen Marchelune] Scènes de vie 95nd


ESPOIR


Mille pensées agitaient l’esprit de la jeune druidesse tandis qu’elle contemplait les eaux bénies coulant entre les racines d’Amirdrassil. Lianwen était loin d’être aussi enthousiaste que ses compagnons de route, alors qu’elle réalisait enfin que l’arbre-monde devenait réalité, s’ancrant dans le monde physique afin de dispenser ses bienfaits à son peuple. Elle avait tant imaginé ce moment, elle s’était raccrochée à cet unique espoir durant tout le temps de la douleur, de l’exil puis de la vengeance. Le voir se réaliser soudain la terrifiait, la plongeant dans une anxiété et une angoisse qui la paralysait.

Une présence attira son attention vers les fourrés derrière elle desquels émergea un sabre de mana massif, couturé de cicatrices, de brûlures attestant de la rudesse des combats que la bête livrait.

« Ishnu’alah Nyx… » marmonna Lianwen d’un ton morne, continuant de fixer les hautes herbes tandis que le félin, après l’avoir reniflé, allait tranquillement se coucher non loin d’elle. On aurait pu le croire calme et détendu mais pour qui savait observer, il n’en était rien : la musculature saillante de l’animal était prête à bondir au moindre problème. Enfin, une silhouette petite et menue, engoncée dans une armure d’écailles verte et or à la facture indéniablement elfique fit son apparition.

« Tu as décidé de bouder toute seule dans ton coin ? » lança l’arrivante d’une voix chantante teintée d’ironie. « Je me doutais que je te trouverai à l’écart, en train de faire ta druidesse. » Le regard bleu clair toisa sa comparse d’un air un peu hautain tandis qu’elle posait un lourd arc de guerre contre une petit arbre, regardant autour d’elle.

Un grognement contrarié lui répondit, visiblement la jeune kaldorei goûtait peu cette intervention. « Je me demandais combien de temps il te faudrait pour trouver ton chemin dans le rêve. »

Un rire de gorge se fit entendre tandis que la quel’dorei sortait une gourde, en versa quelques gouttes par terre, prit une gorgée avant de la tendre à Lianwen. « Y’a pas mal de boulot dans le coin, faut le reconnaître » lança-t-elle, « ça ne paie pas trop mal et faut dire que ça a sacrément de la gueule. Je pourrai me plaire par ici…
-
Y’a pas assez d’or, Iswe, les gens ici sont animés par tout ce que tu exècres, les bons sentiments, le désir de construire, d’espérer, de trouver un foyer. Tout ce dont on nous a privés pendant bien trop longtemps.
- C’est quand même un sacré coin Lili.
» Le ton blasé laissait tout de même la place à quelques accents respectueux et admiratifs. Si la quel’dorei était impressionnée, elle n’en laissait rien voir.

La main de Lianwen effleura doucement la surface de l’eau, le regard sombre se reflétant sur la surface lumineuse, empreint de mélacolie. Une main vint se poser sur l’épaule de la jeune druidesse. « Elle me manque aussi, Lili. C’est bien que tu lui ai rendu sa dague.
- Alors tu nous a vus ? Tu…
- Ça fait un petit moment que je suis ici oui, j’ai même salué quelques têtes connues déjà. C’était un bel hommage, tu as fait ce qu’il fallait Lili. Il est temps de refermer les blessures du passé et de te tourner vers l’avenir, puisque tu en as un. Comment sont-ils ? T’ont-ils bien accueillie ? Te traitent -ils bien ?


Lianwen poussa un petit soupir en acquiesçant. « Je n’aurai pas pu être mieux reçue, vraiment. J’ai même été surprise. Ils sont gentils, plein d’humour, très soudés aussi. C’est un plaisir de cheminer à leurs côtés. Je ne pensais pas que ce serait aussi…Simple. »

Un petit rire se fit entendre dans la nuit. Iswe sortit une belle pomme verte dans laquelle elle croqua à pleines dents. « J’imagine que tu fais ta sauvage encore. Savent-ils qu’il faudra du temps avant d’apprivoiser ma petite chouette préférée ? »

Un grognement en guise de réponse qui n’eut d’autre effet que de renforcer l’hilarité de la haute elfe. « Tu te rappelles enfant, tu faisais tourner en bourrique ta mère à toujours vouloir aller lire tes maudits bouquins dans des endroits improbables. Je ne l’ai jamais entendue autant pester que lorsqu’elle s’inquiétait quand tu ne rentrais pas le soir.
- Tu exagères. Cela n’arrivait pas si souvent…
- Tout le temps. Tu étais sans arrêt en mouvement. Dès que tu as tenu sur tes petites jambes, tu n’as eu d’autres but que de t’échapper encore et encore pour « aller voir les fleurs et les bêtes ». Même à moi, tu m’as donné du fil à retordre parfois. Lili… Tu n’as plus besoin de fuir ou de te battre.
» La main se posa sur la joue de la kaldorei en une caresse tendre, presque maternelle. « Tu es en sécurité Lili, c’est fini. Plus rien ni personne ne te menace toi, ta terre ou ton peuple. » Le ton s’était fait plus doux, renonçant à ses accents sarcastiques.

Lianwen baissa la tête, ne trouvant une fois encore que le silence pour s’exprimer. Les mots d’Iswe faisait lentement leur chemin dans sa tête mais elle ne les comprenait pas, elle ne les comprenait plus. Durant toutes ces années, elle n’avait vécu que sur le qui-vive, dans la douleur, la colère, l’esprit de vengeance. Elle s’était rompue à devenir une combattante, elle, celle qui passait son temps à rêvasser, à s’inventer des histoires.  La kaldorei était devenue un bras armé, celui de la Déesse et elle avait vécu sans se poser de questions, se contentant d’obéir et de se montrer utile sur le terrain, en proie à un cycle de violence impitoyable qui, bataille après bataille, l’avait enfermée dans une sphère d’indifférence, de détachement pragmatique et froid.

« Je ne sais plus comment faire, Iswe… » lâcha t-elle dans un souffle. « Je ne sais plus comment on fait pour… » De sa main, elle balaya l’air devant elle, ne trouvant pas les mots justes pour expliquer la difficulté qu’elle avait pour reprendre une vie normale, paisible, quotidienne.

« Je sais, Lili. Comme toi, autrefois, j’ai été confrontée à cela. Et je pense que ta mère le savait, elle savait que ceci nous réunirait un jour et c’est sans doute pour cela qu’elle m’a demandé de veiller sur toi. Tu n’es plus seule Lianwen. Apprends à réellement marcher aux côtés de ce groupe que tu as choisi. Apprends à leur faire confiance, apprends à te faire confiance, à te montrer vulnérable. Sois toi-même, cesse d’avoir peur. Accorde-toi du temps, de la patience aussi, progresse à ton rythme. » Le petit poing martela la poitrine de Lianwen. « Quelque part au fond de toi, il y a toujours cette petite fille fantasque et curieuse. C’est elle la clé qui ouvrira cette cage dans laquelle tu as dû t’enfermer durant toutes ces années. Tu mérites d’être libre, mon enfant. Il est temps. »

La kaldorei ne bougeait pas, elle ressemblait à quelque sculpture déposée là, attentive mais comme à son habitude peu encline à trouver des mots. La main calleuse vint se saisir de celle de la quel dorei et elle se contenta de la serrer très fort. Iswe reprit de sa voix chantante.

« Tu dois accepter le passé, aussi douloureux, aussi terrible soit-il. Il fait partie de toi, il t’appartient et il n’y a rien dont tu ne doives rougir. Tu as fait ce qui t’apparaissait nécessaire pour sauver ton peuple, ton dévouement est exemplaire, Lili. Mais ne laisse pas ce passé te guider, te définir, il ne doit plus avoir de prises sur toi désormais. Tourne tes magnifiques yeux sombres vers l’avenir, falore, tu es jeune, tu es déterminée, tu as plein de qualité qui vont faire que tu vas te bâtir une belle vie par ici, où tu voudras et avec qui tu voudras. Je passerai te voir de temps en temps pour te donner le coup de pied au derrière dont tu auras certainement besoin.
- Mmmh.
- Tout à fait, voilà de sages paroles, druidesse, votre discernement me surprendra toujours !
- Ce n’est pas drôle, Iswe.
- Non mais ça peut le devenir tu sais. Arrête de te lamenter et de te raconter des histoires. Prends ta place et arrête d’être un bon petit soldat qui préfère ne pas avoir à réfléchir. Incarne-toi, fais comme Amirdrassil, plante tes racines solidement dans ce monde. Bon même si je reconnais que tu es vachement moins belle que lui…
»

Un gloussement lui répondit, Lianwen était secouée d’un fou rire sans doute plus nerveux qu’hilarant mais enfin, elle riait comme elle n’avait pas ri depuis longtemps et cela lui faisait un bien fou. Le regard bleu nuit se leva vers les hauteurs, là où elle savait que l’Enclave avait établi un campement provisoire pour la nuit.

« Tu as peut-être raison, diablesse. » finit-elle par maugréer. « Il se pourrait bien que ce soit avec eux que… » Lianwen se retourna pour s’apercevoir qu’elle était seule. La quel dorei et son félin avaient disparu dans les profondeurs de la nuit, en silence et sans prévenir comme ils le faisaient toujours. Un petit sourire naquit sur les lèvres de la jeune kaldorei tandis qu’elle remontait vers le campement, le cœur un peu plus léger, l’esprit un peu plus calme.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum