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Songes d'une nuit d'automne
Jeu 1 Oct - 19:31
« Rigidité et Dureté sont les compagnons de la Mort. Douceur et Délicatesse sont les compagnons de la Vie. »
Un vent frais soufflait sur Hurlevent. Une brise légère qui transportait avec elle les prémices d’un automne bien installé ; et annonciatrice de l’hiver à venir. Un vent aux notes salées, chargé d’embruns.
Les faubourgs avait déjà commencé leur métamorphose, se parant de bronze et de doré, de couleurs chaudes pour fêter le froid qui s’installait. Les arbres frémirent et la brise emporta dans sa ronde quelques feuilles mortes.
Le jour voyait évoluer les fermiers qui travaillaient péniblement les champs de potirons, les bûcherons qui transportaient leur bois vers les chantiers et les ateliers de la ville, jusqu’à ce que les derniers rayons du soleil disparaissent derrière l’horizon bleu de la Grande Mer. C’était alors au tour des réfugiés kaldoreis et gilnéens d’allers et venir sous le regard de la Dame Blanche, vaquant à leurs occupations diverses tandis que les druides venaient bénir les plantations fermières et les feux follets honorer de leurs rondes les arbres de la cité.
D’ordinaire calmes – les enfants des étoiles n’étant pas réputés pour être des voisins bruyants – voilà deux nuits que les faubourgs s’agitaient d’une activité nouvelle. Deux nuits que des factionnaires de l’Alliance effectuaient des allers et retours entre la bâtisse située à l’ouest des faubourgs et l’entrée du Tram des Profondeurs logé au cœur du Quartier des Nains. Les soldats étaient parfois accompagnés de quelques tréants dirigés par une druidesse pour les aider dans leur tâche. Les ents se gardaient cependant de fouler le sol métallique du tunnel, restant à bonne distance de cette antre de technologie gnome crachant vapeur et sifflements pneumatiques.
De nouvelles têtes avaient élu temporairement domicile parmi les réfugiés. Deux draeneis, l’un protégé par une lourde armure, l’autre vêtue d’une robe simple mais dont le corps était imprégnée de Lumière. Il y avait aussi une pandarène, un mécagnome, quelques humains supplémentaires… et un ren’dorei. Un elfe du Vide.
Un elfe du Vide.
Les faubourgs avait déjà commencé leur métamorphose, se parant de bronze et de doré, de couleurs chaudes pour fêter le froid qui s’installait. Les arbres frémirent et la brise emporta dans sa ronde quelques feuilles mortes.
Le jour voyait évoluer les fermiers qui travaillaient péniblement les champs de potirons, les bûcherons qui transportaient leur bois vers les chantiers et les ateliers de la ville, jusqu’à ce que les derniers rayons du soleil disparaissent derrière l’horizon bleu de la Grande Mer. C’était alors au tour des réfugiés kaldoreis et gilnéens d’allers et venir sous le regard de la Dame Blanche, vaquant à leurs occupations diverses tandis que les druides venaient bénir les plantations fermières et les feux follets honorer de leurs rondes les arbres de la cité.
D’ordinaire calmes – les enfants des étoiles n’étant pas réputés pour être des voisins bruyants – voilà deux nuits que les faubourgs s’agitaient d’une activité nouvelle. Deux nuits que des factionnaires de l’Alliance effectuaient des allers et retours entre la bâtisse située à l’ouest des faubourgs et l’entrée du Tram des Profondeurs logé au cœur du Quartier des Nains. Les soldats étaient parfois accompagnés de quelques tréants dirigés par une druidesse pour les aider dans leur tâche. Les ents se gardaient cependant de fouler le sol métallique du tunnel, restant à bonne distance de cette antre de technologie gnome crachant vapeur et sifflements pneumatiques.
De nouvelles têtes avaient élu temporairement domicile parmi les réfugiés. Deux draeneis, l’un protégé par une lourde armure, l’autre vêtue d’une robe simple mais dont le corps était imprégnée de Lumière. Il y avait aussi une pandarène, un mécagnome, quelques humains supplémentaires… et un ren’dorei. Un elfe du Vide.
Un elfe du Vide.
… Un elfe…
… du Vide.
Faoren ouvrit brusquement les yeux. Des mèches de cheveux pourpres collées à son front ruisselant de sueur, la respiration rapide, il prit une grande goulée d’air frais avant de se redresser. Inquiet, il s’assit sur la branche du chêne sur lequel il était perché et qui jouxtait le refuge, sa ramure encore pourvue de feuilles grattant même parfois le toit du bâtiment les jours de grand vent. Faoren se pencha et chercha du regard la présence du ren’dorei. Après quelques secondes, il le vit enfin qui discutait avec la matriarche Pâlelune, devant l’entrée du refuge. L’échange semblait normal ; ils n’avaient pas l’air de se disputer et la matriarche ne paraissait pas tendue.
Le moine passa une main sur son visage et poussa un profond soupire. Quelques gouttes de sueur roulèrent de sa nuque, entre ses omoplates, pour poursuivre leur course le long de son dos nu. Sa main glissa sur la peau de son cou et vint se refermer machinalement sur les nombreux gris-gris qui pendaient contre son torse : plumes, ossements, poils, perles de bois ou de pierre…
Le moine passa une main sur son visage et poussa un profond soupire. Quelques gouttes de sueur roulèrent de sa nuque, entre ses omoplates, pour poursuivre leur course le long de son dos nu. Sa main glissa sur la peau de son cou et vint se refermer machinalement sur les nombreux gris-gris qui pendaient contre son torse : plumes, ossements, poils, perles de bois ou de pierre…
« Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres. »
Le jour, le kaldorei peinait à trouver le sommeil et la nuit, il n’arrivait plus à méditer correctement, s’assoupissant à la place comme il venait de le faire. Il lâcha les grigris suspendus à son cou et pressa la paume de ses mains contre ses paupières en soupirant de nouveau, râlant presque. Le ren’dorei… Sa présence auprès du groupe l’obnubilait. Il voyait en lui une insulte à Elune, une menace pour l’Équilibre, une créature corrompue qu’il lui fallait éliminer. Purifier. C’est ainsi qu’il avait toujours vu les choses, ce que les prêtresses d’Elune qu’il avait côtoyé dans ses jeunes années lui avaient appris : protéger l’Équilibre, amener l’Harmonie.
Purifier la corruption. C’est aussi ce que son maître lui avait enseigné. Effacer toute trace du Mal sur Azeroth, qu’importe son origine. Il détacha son regard méprisant du ren’dorei pour lever les yeux vers la voûte étoilée. Il essayait de se remémorer chaque jour les paroles de son professeur, mais cet exercice était de plus en plus difficile. Il devait le reconnaître, son affect tordait parfois les enseignements qu’il avait reçu, et sans la présence d’un maître pour le corriger, il ne pouvait compter que sur lui-même. Il se réfugiait souvent dans la méditation, sondant chaque recoin de sa mémoire en quête des leçons apprises. Mais même la méditation avait ses limites, tout comme les parchemins de savoir qu’il avait ramené de Pandarie. L’expérience est le meilleur des maîtres, disait-on. A juste titre. Dans cette situation, Faoren n’avait d’autres choix que de se reposer sur l’expérience de ses aînés. Même s’ils n’avaient pas suivi la même voie que lui, les années les avaient certainement rendus plus sages et lucides.
Lucides… Le moine fronça les sourcils tandis que les paroles de la matriarche lui revenaient à l’esprit. Interroger le ren’dorei sur son passé, comprendre son présent… Il doutait que ceci ne lui apporte quoi que ce soit. Il le savait, il en était certain, il fallait se méfier de tout ce que le Vide pouvait raconter. Après tout, la corruption était capable de prendre bien des formes pour s’infiltrer dans le cœur des gens, pour tordre la réalité. Néanmoins Alshaïn avait soulevé un point important : la présence des sancteforgés, des êtres infusés de Lumière, n’était-elle pas suffisante pour contrebalancer l’existence des elfes du Vide ? Si d’un point de vue théorique, il pouvait donner raison à la matriarche, il n’en restait pas moins le problème de la corruption. A l’instar des chasseurs de démons, les ren’doreis maniaient une énergie destructrice qui n’existait que pour saccager et corrompre. Néanmoins, il y avait cette rumeur selon laquelle leur condition n’eut pas été entièrement de leur faute…
Faoren ramena ses pieds sous ses cuisses et s’installa en tailleur sur la branche épaisse. Il ferma à nouveau les yeux et inspira. Tandis qu’il expirait lentement, il tenta de faire le vide en lui, d’apaiser le train chaotique de ses pensées. D’anciennes paroles de Chuno Patte-de-fer – feu son maître – remontèrent à la surface de son esprit.
« La faiblesse est sublime, la force est méprisable. Quand nous naissons, nous sommes faibles, souples. Lorsque nous mourons, nous sommes forts et raides. Faoren, lorsqu’un arbre croît, il est souple et tendre ; il plie face au vent sans jamais rompre. Mais lorsqu’il devient sec et dur, il casse et meurt. La dureté et la force sont compagnes de la Mort. La souplesse et la faiblesse traduisent la fraîcheur de la Vie. C’est pourquoi ce qui a durci ne vaincra pas. »
C’était peu de temps avant que la Légion ne vienne à nouveau envahir Azeroth. A ce moment, de nombreux temples en Pandarie avaient été la cible des démons. Quelques illidaris solitaires s’étaient rendus sur place afin de prêter main forte aux moines. Ce fut face à la réticence de Faoren que Chuno lui avait tenu ce discours. Sur l’instant, il n’avait pu s’empêcher de le balayer : pactiser avec des créatures au sang démoniaque ? Impensable. Même face à un ennemi commun.
Mais ce qui surprenait le kaldorei, c’était bien le fait que ces paroles resurgissent après tant de temps. Il pensait les avoir oublié, enterré dans un coin de sa mémoire. Des inepties… Vraiment ? Si cette leçon lui revenait en tête, il devait bien y avoir une raison, n’en déplaise à sa dévotion envers Elune.
Faoren fronça les sourcils et rouvrit les yeux. Son regard s’arrêta sur l’ambassade au loin dont une légère lueur chaude se dégageait encore des nombreuses fenêtres malgré l’heure tardive, peu propice à l’activité des humains. D’autres paroles s’enchaînèrent après celles de son maître : « Depuis quand êtes-vous devenu inquisiteur ? ». Il grimaça. De colère et de culpabilité. Oriev n’avait pas totalement tort.
Il y avait décidément matière à réflexion. Le changement n’était pas pour tout de suite, c’était certain, mais la question méritait de s’y intéresser. Peut être avait-il fait preuve d’un peu trop de véhémence ou plutôt, peut être n’avait-il pas suffisamment fait confiance à ses aînés, et surtout à ses supérieurs. Alshaïn, Aelendil, Aenethia… Accepteraient-elles vraiment la présence d’un ren’dorei si le danger de l’avoir à leur côté était trop grand ? Et surtout, qui était-il, lui Faoren, pour remettre en question la foi de ses pairs ? L’orgueil était un sentiment tout aussi néfaste que la peur ou la colère. Une mauvaise graine qu’il avait peut être trop cultivé ces derniers temps.
Purifier la corruption. C’est aussi ce que son maître lui avait enseigné. Effacer toute trace du Mal sur Azeroth, qu’importe son origine. Il détacha son regard méprisant du ren’dorei pour lever les yeux vers la voûte étoilée. Il essayait de se remémorer chaque jour les paroles de son professeur, mais cet exercice était de plus en plus difficile. Il devait le reconnaître, son affect tordait parfois les enseignements qu’il avait reçu, et sans la présence d’un maître pour le corriger, il ne pouvait compter que sur lui-même. Il se réfugiait souvent dans la méditation, sondant chaque recoin de sa mémoire en quête des leçons apprises. Mais même la méditation avait ses limites, tout comme les parchemins de savoir qu’il avait ramené de Pandarie. L’expérience est le meilleur des maîtres, disait-on. A juste titre. Dans cette situation, Faoren n’avait d’autres choix que de se reposer sur l’expérience de ses aînés. Même s’ils n’avaient pas suivi la même voie que lui, les années les avaient certainement rendus plus sages et lucides.
Lucides… Le moine fronça les sourcils tandis que les paroles de la matriarche lui revenaient à l’esprit. Interroger le ren’dorei sur son passé, comprendre son présent… Il doutait que ceci ne lui apporte quoi que ce soit. Il le savait, il en était certain, il fallait se méfier de tout ce que le Vide pouvait raconter. Après tout, la corruption était capable de prendre bien des formes pour s’infiltrer dans le cœur des gens, pour tordre la réalité. Néanmoins Alshaïn avait soulevé un point important : la présence des sancteforgés, des êtres infusés de Lumière, n’était-elle pas suffisante pour contrebalancer l’existence des elfes du Vide ? Si d’un point de vue théorique, il pouvait donner raison à la matriarche, il n’en restait pas moins le problème de la corruption. A l’instar des chasseurs de démons, les ren’doreis maniaient une énergie destructrice qui n’existait que pour saccager et corrompre. Néanmoins, il y avait cette rumeur selon laquelle leur condition n’eut pas été entièrement de leur faute…
Faoren ramena ses pieds sous ses cuisses et s’installa en tailleur sur la branche épaisse. Il ferma à nouveau les yeux et inspira. Tandis qu’il expirait lentement, il tenta de faire le vide en lui, d’apaiser le train chaotique de ses pensées. D’anciennes paroles de Chuno Patte-de-fer – feu son maître – remontèrent à la surface de son esprit.
« La faiblesse est sublime, la force est méprisable. Quand nous naissons, nous sommes faibles, souples. Lorsque nous mourons, nous sommes forts et raides. Faoren, lorsqu’un arbre croît, il est souple et tendre ; il plie face au vent sans jamais rompre. Mais lorsqu’il devient sec et dur, il casse et meurt. La dureté et la force sont compagnes de la Mort. La souplesse et la faiblesse traduisent la fraîcheur de la Vie. C’est pourquoi ce qui a durci ne vaincra pas. »
C’était peu de temps avant que la Légion ne vienne à nouveau envahir Azeroth. A ce moment, de nombreux temples en Pandarie avaient été la cible des démons. Quelques illidaris solitaires s’étaient rendus sur place afin de prêter main forte aux moines. Ce fut face à la réticence de Faoren que Chuno lui avait tenu ce discours. Sur l’instant, il n’avait pu s’empêcher de le balayer : pactiser avec des créatures au sang démoniaque ? Impensable. Même face à un ennemi commun.
Mais ce qui surprenait le kaldorei, c’était bien le fait que ces paroles resurgissent après tant de temps. Il pensait les avoir oublié, enterré dans un coin de sa mémoire. Des inepties… Vraiment ? Si cette leçon lui revenait en tête, il devait bien y avoir une raison, n’en déplaise à sa dévotion envers Elune.
Faoren fronça les sourcils et rouvrit les yeux. Son regard s’arrêta sur l’ambassade au loin dont une légère lueur chaude se dégageait encore des nombreuses fenêtres malgré l’heure tardive, peu propice à l’activité des humains. D’autres paroles s’enchaînèrent après celles de son maître : « Depuis quand êtes-vous devenu inquisiteur ? ». Il grimaça. De colère et de culpabilité. Oriev n’avait pas totalement tort.
Il y avait décidément matière à réflexion. Le changement n’était pas pour tout de suite, c’était certain, mais la question méritait de s’y intéresser. Peut être avait-il fait preuve d’un peu trop de véhémence ou plutôt, peut être n’avait-il pas suffisamment fait confiance à ses aînés, et surtout à ses supérieurs. Alshaïn, Aelendil, Aenethia… Accepteraient-elles vraiment la présence d’un ren’dorei si le danger de l’avoir à leur côté était trop grand ? Et surtout, qui était-il, lui Faoren, pour remettre en question la foi de ses pairs ? L’orgueil était un sentiment tout aussi néfaste que la peur ou la colère. Une mauvaise graine qu’il avait peut être trop cultivé ces derniers temps.
« Traite avec bonté ceux qui ont la bonté. Traite avec bonté ceux qui sont sans bonté. Et ainsi gagne la bonté. »
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